Hymne de la résurrection de Lazare
Très chers fidèles et amis,
Demain matin, à 6 heures, les membres du monastère de la Transfiguration célèbreront en communion avec vous l’Office de la résurrection de Lazare.
Pour vous permettre de vous y associer en respectant les règles en vigueur pour le confinement sanitaire, nous vous joignons un poème de saint Romanos le Mélode sur ce thème. Bonne lecture et bonne prière dans la foi. Bonne patience aussi pour affronter ce long confinement et les suites qui vont en résulter. Il y aura certainement des jours (jours ???) difficiles, mais ils nous rappelleront que le but de notre vie n’est pas la prospérité terrestre, mais que nous cheminons vers le Royaume des Cieux, vers un autre mode de vie qui n’est pas biologique, sensible, physique, mais n’en demeure pas moins réelle, pour une « durée » qui n’aura pas de fin.
Et justement, l’office de demain, la commémoraison de la résurrection de Lazare par Jésus, nous conduit aux portes de cette nouvelle vie.
En effet, avant de supporter avec foi, patience, obéissance et amour Sa passion et Sa mort puis Sa glorieuse Résurrection, pour bien montrer ce qui va Lui arriver dans quelques jours, Jésus ressuscite son ami Lazare mort depuis quatre jours. Et, pour bien montrer que cette résurrection est une première victoire contre la mort et ses conséquences, Jésus a attendu quatre jours avant de ressusciter son ami de manière à ce que la mort ait déjà montré son oeuvre : la putréfaction du corps. « Il sentait déjà » dit l’évangile.
Ce miracle montrait que Jésus, Dieu-humanisé, est maître et donateur de vie. Comme il avait créée le « Premier Homme » « Adam », aujourd’hui il donne de nouveau la vie à cet homme Qui avait perdu la vie, Lazare. Voila pourquoi les Offices de ce jour et la Divine Liturgie (messe) revêtes les caractéristiques du dimanche : c’est un jour de résurrection, c’est le jour « seigneurial », selon la signification de « Dimanche /Jour du Seigneur ».
Le lendemain, fête des Rameaux, ou fête des Palmes, ne sera pas un dimanche ordinaire, il n’y aura pas les caractéristiques spécifiques des dimanches, mais un jour de fête : l’intronisation Royale de Jésus reconnu par Son peuple ( Israël et nous) comme roi d’Israël d’abord, du Nouvel-Israël ensuite qu’est l’Eglise chrétienne.
Mais, ne confondons pas l’événement de la résurrection de Lazare et celle du Christ. Elles ne sont pas du même ordre :
Jésus a redonné une vie biologique à Lazare, mais ce n’est qu’une « revivification » qui n’a duré qu’un temps limité, une reprise du cours biologique d’un homme, qui a du mourir « définitivement » quelques temps après. C’était un retour à la vie selon CE monde qui avait valeur de signe : une autre résurrection allait venir, celle-ci n’était que prémices. Les médecins – et pas seulement eux – connaissent de nombreux cas de personnes qui pendant quelques minutes, quelques heures où même quelques jours, sont revenus à la vie. Ils racontent étrangement ce qu’ils ont vu pendant cette période, et leur expérience ressemble fortement à ce que saint Paul nous a raconté de ses expériences spirituelles, saint Etienne le Premier martyr pendant qu’on le lapidait et qui « voyait le ciel ouvert », et de nombreux saints et martyrs. (Ces cas se comptent par milliers dans tous les pays où l’on collecte leurs témoignages sur lesquels l’Eglise ne se penche pas encore assez pour exercer son charisme de discernement. Est-ce une grâce que Dieu nous fait en cette période difficile où la foi de beaucoup (et la nôtre, peut-être) défaille, en nous montrant qu’il y a bien un « au-delà » ? Les Chrétiens n’ont pas besoin de cela pour croire en la Vie Eternelle, mais ces témoignages touchent beaucoup de gens qui se tournent ensuite vers le Dieu « Amour et Lumière », comme le décrit saint Jean. Aux Chrétiens de leur montrer que cet Amour, cette Lumière s’est manifestée aux hommes en la personne du Verbe de Dieu, le Christ-Jésus.
La Résurrection de Jésus est bien autre chose que celle de Lazare. Jésus n’est pas revenu à la vie biologique qui était la sienne durant plus ou moins trente-trois ans. Il est passé d’un état de vie à un autre état de vie, d’un niveau d’existence à un autre niveau d’existence. Il est passé de « la terre », c’est-à-dire de notre mode de vie biologique, matérielles, psychique, sensible, limitée par le temps et par l’espace, à un autre ordre d’existence, « le Ciel », ou temps et espace sont dépassés, le mode d’existence selon Dieu, selon le mode d’existence qui sera le nôtre aussi à notre résurrection. Notre commune Résurrection nous montrera combien nous sommes UN avec Jésus-le Christ, combien en Lui nous sommes unis au Père Eternel par la Puissance du Saint-Esprit. Cette communion intime et universelle sera ressentie comme une extraordinaire béatitude pour tous ceux qui auront appris durant cette vie à aimer comme le Christ nous a aimés, mais ceux qui auront voulu, dans leur âme même, ne pas aimer, « ressentiront » cette communion comme une brûlure.
Cette fête de la résurrection de Lazare nous conduit donc à réaliser, en prémices, ce qu’est le mystère de la mort-résurrection à laquelle personne n’échappe, mais à nous tourner aussi vers la résurrection définitive, pour notre grande joie et notre bonheur commun et éternel.
A cette occasion, saint Romanos-le-Mélode, met en scène les protagonistes de cette « tragédie ». Il prête des dialogues entre la mort et son comparse l’enfer et le diable, il décrit « l’enjeu » du combat à mort que livre Jésus contre le corrupteur des âmes, le diable, et montre la Victoire qui se profile avec la résurrection de Jésus que nous allons célébrer l’autre dimanche, le jour de Pâques. Entrons nous aussi dans ce mystère, les conditions du « confinement » auquel nous sommes astreints peut favoriser une telle réflexion et nous interpeller au plus profond de nous-mêmes, et nous inviter à la Prière.
Bonne lecture.
Nous sommes en communion avec vous tous et comptons aussi sur votre prière.
Avec amour en Christ et grande amitié,
P. Elie