Conclusion
Saint Pachôme ou saint Macaire en Égypte, saint Euthyme, saint Théodose ou saint Sabbas en Palestine, saint Serge de Radonège et saint Nil de la Sora en Russie, saint Athanase aux Météores et saint Athanase du mont Athos : partout où s’est implanté l’Église, le monachisme a fleuri par milliers et les moines ont édifié leurs monastères en fonction des besoins successifs de leurs communautés. Dans chaque monastère, l’économe et quelques moines remplissaient leur obédience à établir des plans, diriger les travaux selon les directives de leur père spirituel et higoumène, avec l’aide de son Conseil, en fonction de l’esprit de la Règle monastique que tous les disciples suivaient pour trouver Dieu et Lui consacrer leur vie. Ils le faisaient sous la houlette éclairée du père spirituel qui, avec discernement et mesure, accompagnait ceux qui le suivaient, sûrs qu’ils étaient que lui connaissait la voie du salut et de l’union à Dieu et qu’il la leur transmettait par sa prière, son exemple et son enseignement.
L’idéal monastique reste le même.
Cependant, jadis, des princes, des seigneurs, conscients de la fonction vitale des monastères dans l’édification morale et spirituelle du peuple tout entier, les aidaient en les dotant de revenus réguliers à perpétuité pour un nombre défini de moines ou de moniales. Par ce fait ils s’assuraient des prières de la communauté pour leur vie avec Dieu, pour eux- mêmes et pour leurs familles. Ainsi les moines pouvaient, de leur côté, vaquer librement à leurs occupations spirituelles : prières, offices divin, lecture spirituelle, accueil des hôtes ou obédiences utiles à l’Église comme la rédaction des livres ou la confection des vêtements cléricaux et ornements liturgiques, sans compter le travail des champs ou du jardin, le tout dans un climat calme et paisible.
En cela, les temps ont changé.
En effet, les moines sont maintenant obligés de subvenir seuls à leurs besoins, et à la lourde, mais indispensable charge de l’accueil. Nulle part les monastères ne sont exemptés des taxes communes ; ils doivent payer des cotisations pour s’assurer socialement comme c’est la loi. Mais ceci est en contradiction avec l’idéal évangélique selon lequel le disciple du Christ ne doit pas se soucier de l’avenir ! Les constructions, l’entretien, le chauffage, l’éclairage et la nourriture sont totalement à leur charge. Ils ne reçoivent aucune contribution extérieure, allocations,subventions, aides d’État ou de Régions, ou d’Église, sauf des dons manuels des fidèles les plus proches. Les exigences du rythme monastique ne sont pas allégées pour autant et leurs obligations régulières et caritatives restent les mêmes. Le temps passé à la prière personnelle et liturgique ne leur permet pas d’assumer des travaux rémunérateurs comme « dans le monde » avec des horaires « du monde ». Aussi, nous prions les fidèles et éventuels mécènes de ne pas se scandaliser des demandes pécuniaires pour lesquels les moines ne sont pas faits. Ils sont cependant bien obligés de se charger de cette obédience d’une nouvelle forme. Ils ne vendent pas leur idéal pour s’enrichir ou pour vivre dans l’aisance, mais ils sollicitent humblement l’aide de ceux qui le peuvent pour continuer à exercer leur service ecclésial et spirituel avec paix, simplicité et pauvreté, pour le bien de tout le peuple – et tous les peuples – même si ceux- ci l’ignorent ou le contestent. Ils ne vendent pas leur idéal, car leur institution est reconnaissante à ses bienfaiteurs, mais les dons de ceux- ci ne leur octroient pas des droits sur la marche intérieure et la vocation de la communauté.
Que soient donc remerciés par avance, et bénis par Dieu, tous ceux qui aideront peu ou prou notre monastère, sûrs que nous leur en serons reconnaissants et adresserons notre prière à Dieu pour qu’Il les aide dans leur vie quotidienne et pour leur salut éternel, afin qu’ils expérimentent avec joie les prémices de celui- ci dès ce monde dit « d’ici- bas ».