Sur la dignité
J’imagine Flaubert de retour parmi nous, s’échinant à parachever son Dictionnaire des idées reçues. Nul doute que le terme de dignité y figurerait de plein droit, en sa double qualité, si je puis dire, de notion floue et consensuelle, avec comme glose caustique : « La défendre ! » Présentement, l’appel à cette dignité peut sourdre aussi bien d’associations aux buts fort hétérogènes – défense de l’euthanasie, de l’avortement, 1 mises en œuvre d’actions humanitaires – que d’ Autorités Administratives Indépendantes telle Défenseur des droits en France, 2 ou d’instances européennes, puisque l’article 1 de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne stipule : « La dignité de la personne humaine n’est pas seulement un droit fondamental en soi, mais constitue la base même des droits fondamentaux. »
Sur l’unité de l’Eglise
L’Eglise ne peut qu’être Une, tandis que la chrétienté, elle, est susceptible de se diviser : telle est l’enseignement orthodoxe sur la question de l’unité. L’Eglise ne peut qu’être une : avec la sainteté, la catholicité et l’apostolicité, cette unité appartient à ces qualités inhérentes au Corps du Christ qu’est l’Eglise.
Naissances
Ouvrons le quatrième Evangile, au chapitre 3. Il monte vers Jérusalem, Celui qui, bien que venu parmi nous, demeure auprès de Son Père ; Il chemine vers le Temple pour y célébrer la Pâque juive. Curieux célébrant, ce culbuteur des tables des changeurs, pléthoriques en ces jours festifs : étonnant célébrant, mystérieux même, puisqu’Il a déjà accompli plusieurs « signes », plusieurs miracles. Une telle personnalité a de quoi en rendre perplexe plus d’un. Tel ce dignitaire et savant, ce Nicodème, incapable de discerner qui peut bien être ce Jésus. C’est pourquoi il se rend auprès de Lui, espérant, par cette rencontre, éclaircir son esprit enténébré. Il vient, fait montre à son interlocuteur de ses bonnes dispositions : Jésus ne peut qu’être un homme de Dieu !
Le Beau, lumière de l’Invisible
Le monde s’enlaidit. Oh, que nenni ! Rétorqueront des esprits forts. Dans le fol espoir de les amener à quelque résipiscence, proposons-leur quelque échappée aux abords de n’importe quelle ville, de France ou de Navarre ; immergeons-les dans ces affligeantes « zones d’activités », bric-à-brac d’entrepôts, d’entreprises, d’hôtels et négoces en tout genre, toutes interchangeables, mondialisées, peinturlurées des pires couleurs criardes, toujours perdues dans un maelström de pylônes, poteaux indicateurs, panneaux publicitaires
« Homme et femme Il les créa. »
Une nouvelle doctrine, apparue outre-Atlantique, se répand de façon fulgurante dans les sphères universitaires et médiatiques du continent, et même au-delà ; répondant au nom de gender- genre en français, mais gender fait davantage savant, et convainc l’ignorant de son indignité ! – elle ne fraie guère avec la discrétion et la nuance mais préfère bruit, fureur et mises en scène. Selon cette doxa, les différences physiques et physiologiques entre homme et femme n’ont pas le moindre rapport de causalité avec les caractères psychologiques et comportementaux qualifiés de masculins ou de féminins, lesquels seraient donc étrangers à quoi que ce soit de naturel, et procèderaient exclusivement de normes culturelles.
A temps et contretemps
« Nous te prions encore pour qu’à cette sainte Eglise, à toute église, à toute ville et à toute contrée, soient épargnés la famine, la peste, le tremblement de terre, l’inondation, le glaive, l’invasion des ennemis, la guerre civile et la mort soudaine. » A chaque écoute de cette forte supplique, dite pendant la litie1 des grandes Vêpres, je ne puis m’empêcher de me dire qu’elle a dû sembler bien « datée », aux oreilles des adeptes d’une réécriture des textes liturgiques, soucieux de les « adapter » à la psychologie des hommes de notre temps…
Sur la vénération orthodoxe de la Mère de Dieu
La vénération de la « Théotoque », de la « Mère de notre Dieu » exprime profondément la foi de l’Eglise Orthodoxe. Les fêtes de sa Nativité et de sa Dormition forment comme le terminus a quo, le commencement, et le terminus ad quem, l’aboutissement, de l’année liturgique
Obéir au Pouvoir
Peut-être avez-vous en mémoire, chers amis lecteurs, ce fameux diptyque de Caran d’Ache, publié en février 1898 dans le Figaro ? Il campe deux moments d’un « Repas de famille » au temps de l’affaire Dreyfus, un avant – « Surtout, ne parlons pas de l’affaire Dreyfus ! » – caractérisé par des convives bien élevés et gentiment attablés, et un après- « Ils en ont parlé ! » offrant le déplorable spectacle d’une salle à manger devenue champ de bataille et foire d’empoignes.
Malade
Si ma tête et mon cœur s’entichaient de se parer de quelque emblème de noblesse ; si, pour complaire à une telle lubie, ils se mettaient à titiller ma vaine gloire, susurrant de me créer, tambour battant, quelque blason, je le voudrais d’azur, avec comme meuble non point quelque clef, ou crosse ou autre patenôtre mais …un oiseau ! Pas un aigle, ce serait immodeste ! Seulement un de ces oiselets qui ne tiennent pas en place et virevoltent à tout-va, sans rime ni raison.
A propos du dimanche du pardon
Un fidèle lecteur de ces chroniques, et par ailleurs en conflit avec une
personne de sa paroisse, m’écrivait, peu de temps avant le « dimanche du pardon » : « Eh bien, cette année au moins, la formule rituelle et toute formelle :
« Pardonne-moi et prie pour moi » aura du sens ! » Je mets cette phrase sur le compte du mal-être éprouvé par mon lecteur, car la « formule rituelle » dont parle ce correspondant n’a rien de formelle, rien de superficielle, comme nous le verrons.
Nous sommes en guerre
Souvenez-vous : c’était au printemps dernier. Souvenez-vous de cette soirée du 16 mars au cours de laquelle nous fut annoncée notre entrée commune dans cette inquiétante ère nouvelle de l’« assignation à résidence » pour tous.
Bethléem, Jéricho, Jérusalem, l’itinéraire du chrétien
Noël, la fête de la Nativité du Christ, la fête d’une naissance advenue dans
l’histoire humaine, à une date donnée et insérée dans la chronologie d’un lieu :
la Judée, comme l’évangéliste Luc s’est plu à le souligner.
Dictature et espérance
A la fin du mois d’octobre, le pouvoir exécutif à la tête du pays a annoncé la mise en place d’un second confinement national de la population, de nouveau assignée à résidence comme au printemps, ne pouvant sortir qu’avec son attestation et son masque.
È Strano ! È Strano !
È strano ! È strano ! » Comme c’est étrange ! Comme c’est étrange ! chante Violetta vers la fin du premier acte de la Traviata. Oui : comme ils sont étranges, ces « confinements » que nous vivons depuis des mois ! Nous ne sommes pourtant pas à l’Opera – chose strictly forbidden ! – Et ce n’est point une femme égarée (traviata) mais bien notre monde qui devient traviato !
La prison de la santé
Nommons-le Pierre : tôt le matin, le voilà qui s’affuble d’un masque, bien que ce ne soit pas carnaval. Pierre se hâte de faire ses emplettes à potron-minet, en un marché rendu célèbre par Georges Brassens, avant que la chaleur du mois d’août ne devienne suffocante, avant que l’affligeant spectacle d’une théorie de bipèdes grimés en égrotants ne lui refile le virus … de la mélancolie !
Raison garder
Raison garder… Qu’est-ce à dire ? Dans son sens le plus obvie, cette expression invite à ne pas se laisser envahir par des images emplies d’affects, par des émotions intempestives, ces mauvaises conseillères … En français, notre mot raison forme un doublet avec le terme ration : tous deux dérivent d’une même racine latine : ratio, qui évoque l’idée de peser, de calculer, d’évaluer.
Du coronavirus en Grand Carême
Aujourd’hui, en ce mitan du mardi de la troisième semaine du Grand Carême entrent en application les mesures législatives communément nommées confinement. Point de surprises : depuis des semaines, les puissances médiatiques nous trimballaient de l’Empire du Milieu jusqu’à la cité des Doges